avec Barbara Sukowa Allemagne, durée : 1H53 mn
Sortie en France le 24 avril 2013
Projection prévue notamment au Cinéma des Quais à Belfort à partir du 22 mai, projections scolaires prévues également. Se renseigner à Cinémas d’aujourd’hui. ou 0384229444.
Synopsis : Impossible de réduire Hannah Arendt au seul propos du film ; déjà immense philosophe de langue allemande, juive allemande née à Hanovre, étudiante à l’université de Fribourg et maîtresse de jeunesse du monumental Heidegger très controversé pour ses sympathies pour le National Socialisme, polémiste engagée ; Hannah Arendt qui vit désormais à New York est dépêchée par The New Yorker pour couvrir le Procès Eichmann qui va se tenir à Jérusalem, d’avril à décembre 1961. A l’issue d’une traque des criminels nazis qui a permis aux services spéciaux israéliens de kidnapper Adolf Eichmann et de le ramener en Israël pour y être jugé. Avant d’évoquer l’immense travail philosophique de Hannah Arendt interpellée par l’identité et la nature du mal, le Procès Eichmann fait partie de ces grands procès qui ont réveillé les consciences tant en Israël qu’à travers le monde occidental, par l’ampleur des témoignages des déportés recueillis, par l’ampleur et la barbarie planifiée du génocide des Juifs. Il a provoqué un électro-choc de la conscience et de la pensée.
C’est précisément le propos de Hannah Arendt, de quoi est faite la conscience ? de quoi est faite la pensée ? où se situe le seuil entre les deux ou la césure qui les sépare ? "Il n’est point nécessaire d’être un monstre pour participer au pire." dit Alexandre Jardin à la suite d’une Hannah Arendt qui a inventé en son temps le concept de "La banalité du Mal" lié à jamais au criminel nazi Adolf Karl Eichmann. Un concept qui fut à son époque mal vécu tant le Mal était monstrueux, comment pouvait-il être le fruit de la médiocrité et de l’absence de Pensée ? (Ndlr)
Brève biographique de Hannah Arendt
> 1906 Naissance à Hanovre Allemagne, fille unique de Paul et Martha Cohn Arendt, ils vivent à Koenigsberg d’où elle obtiendra son premier diplôme de l’école secondaire en 1924 .
> 1924-1933 Hannah étudie la philosophie et la théologie à l’université de Marburg et devient l’élève de Martin Heidegger, et sa maîtresse en 1925 durant une brève période. Elle étudie ensuite auprès de Edmund Husserl et Karl Jaspers (son mentor) à l’université de Heidelberg.
> 1929 Hannah Arendt épouse Günther Stern connu sous le nom de Günther Anders ; Elle passe son doctorat avec une thèse sur "l’idée de l’amour dans la pensée de Saint Augustin".
> 1933 Elle quitte l’Allemagne et rejoint la France. Hannah Arendt s’engage politiquement en 1933, elle aide notamment l’Organisation sioniste allemande et son chef, Kurt Blumenfeld, pour faire connaître le sort des victimes du nazisme. Elle a également fait des recherches sur la propagande antisémite à la suite de quoi elle est arrêtée par la Gestapo et détenue à Berlin. Libérée elle gagne Paris, y vit et travaille à sauver des enfants juifs en vue de leur faire gagner la Palestine.
> Elle rencontre Heinrich Blücher, communiste de la Ligue de Rosa Luxembourg. 1940, Hannah Arendt a divorcé de Günther en 1937 et épouse Heinrich Blücher. A l’entrée des troupes allemandes en France, elle est détenue au Camp de Gurs comme de nombreux Juifs apatrides. Elle s’évade et rejoint son mari ;
> 1941 Le couple gagne les Etats-Unis. > 1951 Naturalisation américaine ; Elle est la première femme à enseigner les sciences politiques à l’Université de Princeton, elle a ensuite enseigné à l’Université de Chicago, l’Université Wesleyan, et enfin la New School for Social Research.
> 1961 Elle couvre pour le compte de The New Yorker le procès Eichmann à Jérusalem dont la somme des articles développés donnera naissance à "Eichmann à Jérusalem" ; > 1975 Elle meurt à New York.
Publications majeures > 1948 > Le Juif comme paria : l’identité juive et de la politique à l’ère moderne . Edité par Ron H. Feldman (1978), ou La Tradition cachée : le Juif comme paria, édité par 10/18 ; > 1951 Les Origines du totalitarisme ; > 1958 Condition de l’homme moderne (Calmann-Lévy, 1961) ; > 1958 Rahel Varnhagen : La vie d’une Femme juive ; > 1961 Entre passé et futur ; > 1963 Eichmann à Jérusalem. Rapport sur la banalité du mal (Gallimard, 1966) ; > 1963 Sur la révolution ; > 1968 Men in Dark Times ;
> The Life of the Mind ( édité 1978) ;
A lire ou à écouter
Interview de Margarethe Von Trotta par Xavier Nataf pour Akadem : cliquez ici
Article Next Libération 23/04/2013 par Annette Lévy-Willard :[ Arendt sur image->http://next.liberation.fr/cinema/20...]
Article Rue89 culture de Pierre Haski 24/04/2013 :[ Avant d’aller voir le film "Hannah Arendt", lisez-la !->http://www.rue89.com/rue89-culture/...]
Source bibliographique :Jewish Virual Library
Regard d’un autre témoin sur le procès Eichmann
"Face à la Cage de Verre" le Procès Eichmann, Jérusalem, 1961, de Haïm Gouri, édition Tirésias ;
Haïm Gouri, écrivain et journaliste israélien au moment du Procès, est lui aussi chargé par sa rédaction de couvrir son déroulement. Ils seront deux journalistes à ce procès, lui et Hannah Arendt. Haïm Gouri y fut présent de bout en bout, il consigne de nombreux témoignages en précisant qu’il faut se reporter aux minutes du procès pour prendre connaissance de l’intégralité des "cent onze témoignages, des quarante mille mots qui les composent". Lui Haïm Gouri commente à la manière d’un journal ce qu’il voit, ce qu’il entend, il va tenter de saisir la démesure, l’indicible crime qui a frappé tout un peuple, au XX° siècle. Comment sa mise en oeuvre a-t-elle été possible ?
Haïm Gouri écrit avec infiniment de précautions dès les premières pages :
"Dans la salle du tribunal, j’ai senti intimement la proximité de la ligne qui sépare la raison de la folie. Je croyais commencer à comprendre l’incompréhensible, bien que mille lieues me séparassent de ceux qui connurent cet univers, ne serait-ce qu’un seul jour. Mais la lucidité s’éloigne et se perd, tout redevient insolite comme au premier jour. L’énigme lancinante, le dégoût, la stupéfaction incrédule retournent à leur point de départ. La révolte et le sursaut alternent sans relâche avec la capitulation. Mais dans la mesure où l’on peut trouver dans le retour à ce douloureux sujet une quelconque leçon, ou un quelconque salut, c’est un devoir que d’y revenir, tant pour commémorer le souvenir des disparus que pour être confronté avec le malheur qui menace toujours les faibles et les déshérités. On ne peut échapper à cette impression si l’on suit attentivement les étapes du carnage, en constatant combien est aléatoire tout ce qui paraît acquis, sûr, ferme et solide. Vouloir s’esquiver, c’est se retrouver face à face avec ce que l’on essayait de fuir. Vouloir affronter ce sujet, c’est souvent témoigner d’une prétention dérisoire et douloureuse. Heureux les élus du Ciel qui sont capables de l’aborder par d’autres moyens !"
Biographie
Haïm Gouri est né à Tel Aviv en 1923.
Il participa à toutes les guerres d’Israël entre 1947 et 1973. Ecrivain, poète emblématique et journaliste, ses oeuvres sont aujourd’hui traduites dans le monde entier. Il a réalisé par ailleurs une trilogie documentaire avec Jacques Erlich sur le thème du combat mené par des Juifs durant la seconde guerre mondiale notamment dans le ghetto de Varsovie : - Le 81 unième coup ; - Flammes sous la cendre ; - Les portes de la mer ;